Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) vient de suspendre son assistance en vivres aux populations déplacées à Kanyabayonga, au Nord-Kivu. Cette décision fait suite à l’aggravation des affrontements entre les forces gouvernementales de la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 dans la région, entrainant le déplacement massif de civils.
Initiée le 24 Mai dernier, l’assistance alimentaire visait à venir en aide à 58 000 personnes déplacées, mais seules 29 046 d’entre elles ont pu être assistées jusqu’à la suspension de l’opération le 30 Mai. Myriam Favier, cheffe de la sous-délégation du CICR à Goma, explique que l’objectif de cette distribution était de répondre aux besoins urgents en nourriture de ces populations vulnérables.
« Nous sommes inquiets pour ces populations. A chaque nouveau déplacement, elles sont rendues encore plus vulnérables. Nous restons également préoccupés par le fait que les affrontements ont lieu à proximité des zones densément peuplées, que ce soit autour de Kanyabayonga, mais aussi à Sake dans le territoire de Masisi et autour de Goma », affirme Myriam Favier.
Le CICR rappelle que les parties au conflit doivent prendre toutes les précautions pratiquement possibles afin de minimiser les conséquences humanitaires des affrontements sur les civils.
Les déplacés de la région, venant notamment des territoires de Masisi, Rutshuru et Walikale, ont fui les affrontements armés depuis le début de l’année 2024, perdant à chaque déplacement leurs moyens de subsistance. Malgré les efforts du CICR pour acheminer l’aide de Goma à Kanyabayonga, la situation sécuritaire complexe rend difficile l’accès aux populations dans le besoin.
En plus de l’assistance en vivres, le CICR a lancé en avril dernier des projets de soutien aux centres de santé de la région afin d’offrir des soins de santé gratuits à plus de 64 720 personnes, dont plus de 17 110 déplacées. De plus, des efforts ont été déployés pour fournir un accès à l’eau potable à 1 848 personnes déplacées et à leurs familles d’accueil.
La situation humanitaire au Nord-Kivu est de plus en plus préoccupante, avec un nombre croissant de zones de combats et des populations civiles souffrant de conditions de vie difficiles.
Le CICR appelle toutes les parties au conflit à faciliter l’accès des organisations humanitaires pour permettre d’apporter l’aide nécessaire aux personnes dans le besoin.
Malgré la suspension temporaire de l’assistance en vivres, le CICR continue de surveiller la situation et étudie la possibilité de reprendre les distributions à Kanyabayonga pour répondre aux besoins des populations déplacées confrontées à une crise humanitaire croissante au Nord-Kivu.
Ange Kahemulo depuis Goma