Le Président Rwandais, Paul Kagame est revenu dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique, sur la situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Paul Kagame a démenti la présence de ses troupes dans la partie Est de la RDC.
Revenant sur la menace de Félix Tshisekedi de faire la guerre au Rwanda, Paul Kagame dit prendre cette menace très au sérieux.
« Pourquoi ne les prendrais-je pas au sérieux ? Tshisekedi est capable de tout, d’autant qu’il semble incapable de comprendre les implications de ce qu’il dit en tant que président de la RDC. Pour moi, c’est un problème en soi, et un problème très sérieux dont je dois m’occuper. Cela signifie qu’une nuit, il peut se réveiller et faire quelque chose que vous n’auriez jamais cru possible », a dit Paul Kagame
Le chef de l’État rwandais revient notamment sur les accusations de présence des forces militaires rwandaises sur le sol congolais. Paul Kagame ne rejette pas en bloc les accusations de présence rwandaise en RDC. Présence démontrée par plusieurs rapports des Nations unies, mais aussi dénoncée ces dernières semaines par plusieurs chancelleries occidentales.
Kagame évoque à ce propos la présence dans la région des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe majoritairement hutu créé par les anciens hauts responsables du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda, dont certains ont fui en RDC, chassés par le Front patriotique rwandais.
« Ces problèmes sont apparus il y a trente ans en raison de l’histoire tragique qui s’est produite ici et par la faute de tous ceux qui ont été associés d’une manière ou d’une autre, y compris ceux-là mêmes qui, aujourd’hui, reprochent au Rwanda d’être impliqué dans l’est de la RDC. C’est pourquoi j’ai déclaré publiquement que nous n’aurions besoin de la permission de personne pour faire ce que nous avons à faire si une telle menace se matérialise de nouveau. » a-t-il affirmé
Le président rwandais affirme par ailleurs que certaines menaces dans l’est de la RDC sont internes, d’autres viennent de l’extérieur. Les combattants du M23, sont une menace interne, congolaise. Cent mille membres de la communauté tutsis sont réfugiés au Rwanda. Certains d’entre eux sont présents depuis 23 ans, mais des dizaines de familles, prises pour cibles et déracinées de leur région d’origine, traversent la frontière tous les jours. Depuis les derniers combats, plus de 15.000 réfugiés sont venus ici, a-t-il souligné.
Toutefois, Paul Kagame a aussi exprimé un optimisme mesuré concernant les futures discussions directes avec Félix Tshisekedi, qu’il considère comme allant dans la direction souhaitée. De ce fait, le président rwandais a exprimé l’espoir que le médiateur angolais réussira à surmonter les conditions émises par Kinshasa, notamment le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais et le désengagement du M23 des zones récemment occupées.
Le président angolais Joao Lourenço joue, au nom de l’Union africaine (UA), un rôle de médiateur entre Kinshasa et Kigali et tente d’organiser une rencontre entre Tshisekedi et Kagame.
Josue Lelo Kid