L’Ituri, province riche en ressources et en diversité, est aujourd’hui le théâtre d’une situation préoccupante. À la suite de la mission d’évaluation de l’état de siège orchestrée par la Première ministre Judith Suminwa à Bunia, des réactions vives et des inquiétudes émergent au sein de l’Assemblée provinciale.
Le rapport de Maître Pelé Kaswara, rapporteur de l’Assemblée provinciale, soulève des questions cruciales. Selon ses déclarations, l’Ituri a enregistré un nombre de morts supérieur pendant l’état de siège qu’avant sa déclaration. Ce constat soulève un paradoxe saisissant : l’état de siège, instauré pour restaurer la paix et éradiquer les miliciens, semble avoir échoué dans sa mission première.
« Comment expliquer qu’il y ait plus de morts pendant l’état de siège alors que celui-ci a été instauré pour combattre les miliciens ? » s’interroge Maître Kaswara.
Cette question résonne comme un cri d’alarme, mettant en lumière les dysfonctionnements du système en place.
Loin de disparaître, les miliciens semblent avoir pris une nouvelle dimension. Selon les propos de Maître Kaswara, ces groupes armés, qui étaient censés être éradiqués, se positionnent désormais comme les « défenseurs de l’état de siège ». Ce retournement de situation soulève des suspicions de complicité entre les autorités en charge de l’état de siège et les miliciens eux-mêmes.
« C’est qui fait qu’il y aurait une complicité entre les animateurs de l’état de siège et les miliciens, » a-t-il ajouté, soulignant la gravité de la situation.
La Première ministre Judith Suminwa, en mission d’évaluation, s’est engagée à transmettre les conclusions de son rapport au Président de la République. Cette démarche est cruciale pour comprendre les enjeux en cours et envisager des solutions durables. La promesse de rendre compte des réalités sur le terrain est un pas vers la transparence et la responsabilité.
L’évaluation de l’état de siège en Ituri met en lumière un tableau complexe, où les espoirs de paix se heurtent à une réalité tragique. Alors que la province continue de faire face à des défis immenses, l’appel à une réflexion sérieuse sur les mesures à prendre devient urgent. Il est essentiel que les autorités prennent en compte les voix de ceux qui souffrent et agissent pour rétablir la paix et la sécurité dans cette région en proie à des violences persistantes.
L’avenir de l’Ituri dépend de la capacité des dirigeants à écouter, à évaluer et à agir de manière efficace.
Rachid Kudra depuis Bunia