Le procès de l’ancien chef rebelle congolais Roger Lumbala s’est ouvert mercredi à Paris. Poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité, il a immédiatement remis en cause la compétence des tribunaux français. Un dossier hautement symbolique pour la lutte contre l’impunité des crimes commis durant la guerre du Congo.
Ancien dirigeant du mouvement rebelle RCD-National et ex-ministre du Commerce extérieur en République démocratique du Congo (RDC), Roger Lumbala est accusé d’avoir participé, entre 1998 et 2003, à des exactions commises contre des civils dans l’est du pays, en pleine deuxième guerre du Congo.
Devant la cour d’assises de Paris, l’accusé a nié toute implication, affirmant n’avoir jamais donné d’ordres ni pris part aux crimes reprochés. Il a rejeté la responsabilité sur d’autres groupes armés, notamment le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, aujourd’hui vice-premier ministre et ministre de la Défense.
Dans un geste inattendu, Lumbala a réclamé l’audition de plusieurs personnalités congolaises, dont Bemba lui-même et Constant Ndima, ancien gouverneur militaire du Nord-Kivu.
Ce procès marque une première : jamais un ex-chef rebelle congolais n’avait été jugé en France. Il repose sur le principe de compétence universelle, qui autorise la justice française à poursuivre les auteurs présumés de crimes les plus graves, quel que soit le lieu où ils ont été commis.
Pour les organisations de défense des droits humains, l’affaire représente un signal fort contre l’impunité. Mais pour les soutiens de l’accusé, elle s’apparente à une manœuvre politique, liée à d’anciennes rivalités nées du conflit congolais.
Avant d’aborder le fond du dossier, la cour devra se prononcer sur la validité de la procédure.
Un débat judiciaire qui ravive, plus de vingt ans après les faits, les blessures encore vives laissées par la guerre en République démocratique du Congo.
Joël Tshim’s







