Une pétition visant Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, et certains membres de son bureau, circule depuis quelques jours au sein de la chambre basse du Parlement congolais. Plus de 100 signatures ont déjà été récoltées, marquant un tournant dans les tensions qui traversent la majorité au pouvoir et révélant les fragilités institutionnelles du pays.
Officiellement, les initiateurs dénoncent des irrégularités dans la gestion des affaires parlementaires : manque de transparence, prise de décisions jugée unilatérale, et une gestion parfois qualifiée de « personnalisée » par ses détracteurs. Mais derrière ces griefs, la pétition s’inscrit dans une dynamique plus large : celle des luttes d’influence au sein de l’Union sacrée et des recompositions politiques à l’approche d’échéances importantes.
Le rôle clé de Vital Kamerhe
Vital Kamerhe, allié politique du président Félix Tshisekedi et figure incontournable de la scène politique congolaise depuis plus de deux décennies, occupe une position stratégique. En tant que président de l’Assemblée nationale, il est non seulement au cœur de l’activité législative mais aussi un acteur central dans les équilibres de pouvoir. Remettre en cause son autorité revient donc à fragiliser une pièce maîtresse du dispositif institutionnel mis en place après les dernières élections.
Si la pétition atteint le seuil requis et qu’une plénière devait s’en saisir, cela ouvrirait la voie à une remise en cause de la direction actuelle de l’Assemblée nationale. Même si le processus n’aboutissait pas à une destitution, l’initiative témoigne de fractures internes et expose publiquement les divergences. En politique congolaise, ce type de contestation peut être utilisé comme instrument de pression pour renégocier des équilibres, redistribuer des postes ou tester la solidité d’une coalition.
Une affaire révélatrice des fragilités institutionnelles
Au-delà du cas Kamerhe, cette pétition met en lumière une faiblesse récurrente du système politique congolais : la difficulté à instaurer une gouvernance parlementaire stable et consensuelle. L’Assemblée nationale, censée être un espace de législation et de contrôle, se transforme régulièrement en champ de batailles politiques où les logiques partisanes prennent le dessus.
Quel avenir pour le bureau de l’Assemblée ?
Dans les prochains jours, l’évolution du nombre de signatures sera scrutée de près. Une éventuelle convocation d’une plénière sur le sujet serait un moment décisif. Qu’elle débouche ou non sur la destitution de Kamerhe, cette pétition restera un signal fort : celui d’une majorité qui peine à afficher son unité et d’un Parlement encore fragilisé par des tensions internes chroniques.
Joël Tshim’s