Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, a exprimé ce mardi 22 octobre au Vatican son opposition à une béatification hâtive de l’ancien roi des Belges, Baudouin Ier (1930-1993).
Lors d’une intervention devant la Congrégation pour les causes des saints, le prélat congolais a évoqué « une tâche noire » dans l’histoire du souverain, soulignant le rôle présumé de Baudouin dans l’assassinat de Patrice Lumumba, premier Premier ministre de la République Démocratique du Congo (RDC), en 1961. Il a appelé à une enquête approfondie pour éclaircir cet épisode controversé de l’histoire congolaise.
Cette prise de position survient alors que le pape François, lors de son voyage en Belgique en septembre dernier, avait annoncé le lancement officiel du processus de béatification du roi Baudouin. Le pontife avait loué la « foi profonde » de l’ancien monarque et salué son refus de ratifier une loi sur l’avortement en 1992, un acte perçu comme le reflet de ses convictions religieuses inébranlables.
Cependant, le règne de Baudouin, qui s’étend de 1951 à 1993, demeure étroitement lié à l’histoire coloniale du Congo. En 1960, alors que la Belgique accordait l’indépendance à l’ancienne colonie, le discours du roi avait été critiqué pour son manque de reconnaissance des violences perpétrées durant la colonisation belge.
Cette controverse historique est ravivée par les accusations portant sur son implication indirecte dans la mort de Lumumba, une figure emblématique de la lutte pour l’indépendance congolaise.
Le leader politique congolais Martin Fayulu a immédiatement apporté son soutien au cardinal Ambongo, déclarant que « la vérité sur l’assassinat de notre héros national doit être établie avant de procéder à la béatification de Baudouin ». Il a ajouté que l’Église catholique devrait également examiner l’héritage des exactions commises sous le règne du roi Léopold II, l’ancêtre de Baudouin, qui est responsable de millions de morts au Congo à la fin du XIXe siècle.
Face à ces critiques, le Vatican n’a pas encore réagi officiellement. Cependant, le pape François avait clairement exprimé son intention de faire avancer le dossier de la béatification en septembre dernier, déclarant : « Dès que je rentrerai à Rome, j’ouvrirai le procès en béatification du roi Baudouin : que son exemple d’homme de foi éclaire les gouvernants d’aujourd’hui. ».
La béatification, étape préalable à la canonisation dans l’Église catholique, est un processus rigoureux visant à reconnaître la sainteté d’une personne défunte en soulignant ses vertus chrétiennes. Cependant, la polémique autour du rôle de Baudouin dans l’histoire postcoloniale du Congo pourrait compliquer la voie vers cette reconnaissance.
Alors que le débat sur la béatification se poursuit, la demande d’une enquête approfondie résonne comme un appel à confronter le passé colonial et à faire toute la lumière sur les responsabilités historiques des figures politiques de l’époque.
Caleb Makedika
