Exploitation illégale des minerais : la famille Présidentielle encore au cœur d’une malversation illicite ( Africa Intelligence)

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Près de deux milliards de dollars disparaissent chaque année dans les circuits opaques de l’exploitation minière illégale. Derrière ces pertes colossales, des militaires seraient mobilisés pour protéger des réseaux clandestins, tandis que des proches du président Félix Tshisekedi sont cités dans plusieurs rapports confidentiels.

Dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, la situation prend les allures d’un scandale d’État. Des enquêtes récentes mettent en lumière un vaste mécanisme de prédation qui vide les caisses du pays et ternit l’image du secteur minier congolais.

Depuis plusieurs mois, ONG et lanceurs d’alerte multiplient les alertes. Au cœur des accusations : un système parallèle d’exploitation des minerais, notamment du cuivre et du cobalt, opérant sur des sites concédés légalement à des compagnies internationales, dont le géant kazakh Eurasian Resources Group (ERG).

Selon une enquête publiée par Africa Intelligence, ERG perdrait près de 2 milliards de dollars par an, soit environ 150 millions de dollars mensuels, en raison de vols massifs opérés par des groupes bénéficiant d’une protection militaire. Le rapport interne du groupe évoque la complicité présumée de certains éléments de la Garde républicaine, unité pourtant chargée d’assurer la sécurité du chef de l’État.

Des témoins locaux rapportent qu’à Kolwezi, Fungurume, Lubudi ou encore Kambove, des détachements armés auraient empêché des missions venues de Kinshasa de mener leurs inspections. Ces soldats, selon plusieurs sources, sécuriseraient les activités de réseaux miniers illégaux opérant parfois sous la couverture de personnalités proches du pouvoir.

La militarisation des zones minières a profondément bouleversé l’économie locale : les sites officiels se transforment en zones grises, où règnent la peur, la corruption et l’arbitraire. Des ONG locales parlent de “mafias en uniforme”, accusées d’intimider les journalistes, d’expulser les exploitants légaux et d’étouffer toute contestation communautaire.

Des proches du président dans la tourmente

Le rapport d’ERG, resté confidentiel mais partiellement révélé par Africa Intelligence, cite plusieurs membres de la famille présidentielle, dont Christian Tshisekedi et Thierry Tshisekedi, soupçonnés d’avoir joué un rôle dans ces circuits d’extraction illicite. Des documents internes indiquent qu’ils auraient approché ERG afin d’obtenir un contrôle sur certaines concessions, une démarche perçue comme une tentative d’ingérence dans la gestion des actifs du groupe.

D’autres entreprises minières étrangères affirment également avoir été confrontées à des pressions ou à des interventions irrégulières de personnalités liées à la présidence.

Par ailleurs, une plainte déposée en Belgique vise neuf proches du président, accusés de corruption, détournement de fonds publics et exploitation illégale de minerais. La liste comprendrait des membres directs de la famille Tshisekedi ainsi que la Première dame, mentionnée dans des contrats de sous-traitance controversés.

Un enjeu mondial autour du cobalt congolais

Dans un contexte de transition énergétique, où le cobalt, le cuivre et bientôt le lithium congolais sont devenus stratégiques pour les technologies vertes, ces accusations résonnent bien au-delà des frontières nationales.
La question de l’exploitation illégale des ressources de la RDC interpelle désormais toute la chaîne mondiale de production des batteries et véhicules électriques.

Si ces révélations se confirment, la République Démocratique du Congo risquerait d’incarner une nouvelle fois la “malédiction des ressources” : un pays immensément riche, mais où les minerais nourrissent la corruption et l’instabilité plutôt que le développement.

Pendant ce temps, dans les localités minières de Likasi, Lubudi ou Fungurume, les populations continuent de vivre dans la pauvreté, dénonçant la spoliation de leurs terres, la pollution des rivières et l’absence totale de redistribution des richesses extraites de leur sol.

Josue Lelo

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