Ituri : Plus de 600 miliciens déposent les armes pour rejoindre le processus de paix

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Un vent d’espoir souffle sur la province de l’Ituri, à l’est de la République démocratique du Congo, où plus de 600 miliciens ont volontairement déposé les armes ce mercredi 15 janvier à Mabanga, dans le territoire de Djugu. Cette reddition massive, menée sous l’égide du gouvernement congolais et de la MONUSCO, marque une étape importante dans la quête de paix dans une région minée par l’insécurité depuis 2017.

Une cérémonie chargée de symboles

La cérémonie, organisée à Mabanga, le fief du « groupe de défense des communautés victimes de l’Ituri », aussi connu sous le nom de Zaïre, a vu plus de 500 combattants remettre environ 85 armes légères et des munitions. Ces anciens miliciens ont répondu à l’appel des autorités nationales et provinciales, des chefs coutumiers, et des leaders communautaires pour intégrer un processus de démobilisation et de réintégration.

Parmi les participants, Jeanine Matsisi, une femme de 40 ans, a symbolisé ce tournant. Milicienne depuis quatre ans après avoir perdu son mari et ses trois enfants dans un conflit armé, elle aspire désormais à une vie paisible. « J’ai fait le choix de la non-violence pour élever mes deux enfants qui me restent. Je veux me consacrer à la prière et à l’agriculture », a-t-elle confié.

David Lombu, 26 ans, un autre milicien démobilisé, a également exprimé son désir de tourner la page. « Nous voulons la paix, c’est le seul chemin vers le développement. Je compte reprendre l’orpaillage, mon activité d’avant », a-t-il déclaré.

Un programme de réinsertion soutenu par des partenaires internationaux

Le Programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion communautaire et Stabilisation (P-DDRCS), appuyé par la MONUSCO, l’Union européenne et d’autres partenaires, a pour ambition de faciliter la transition des ex-combattants vers une vie civile. Flory Kotoko, coordonnateur intérimaire du P-DDRCS en Ituri, a détaillé les étapes à venir : délivrance de certificats de désarmement, identification des démobilisés, et mise en œuvre de projets communautaires.

La MONUSCO a également distribué plus de 200 kits civils comprenant des vêtements et des biens de première nécessité. « Nous travaillons sur des projets de réduction de la violence communautaire et de résilience pour accompagner ces ex-combattants et les communautés affectées », a expliqué François M., responsable de la Section DDR-S à Bunia.

Un processus encore fragile

Si cette reddition marque un progrès, le chemin vers une paix durable reste semé d’embûches. Les groupes armés, notamment Codeco, MAPI et FPIC, continuent de semer la terreur dans plusieurs zones de l’Ituri. Par ailleurs, les démobilisés ont posé des conditions pour garantir leur intégration, notamment le déploiement de forces armées dans les zones sensibles et la mise en place de programmes de relèvement communautaire.

Le processus de paix lancé en 2021 par les autorités congolaises repose sur une approche combinant actions militaires et initiatives de dialogue. Toutefois, les exclusions passées de certains groupes d’auto-défense avaient ralenti son avancement.

Un appel à la mobilisation

Pour les ex-combattants comme David Lombu, cette transition est une opportunité de réconciliation. « Je demande à mes anciens camarades encore dans la brousse de suivre notre exemple. La paix nous permettra de retrouver nos familles et de vivre dignement », a-t-il déclaré.

En dépit des défis, cette cérémonie représente une lueur d’espoir pour les habitants de l’Ituri, épuisés par des années de violence. La mobilisation des autorités et des partenaires internationaux sera cruciale pour transformer cet élan en une paix durable.

Justin Mupanya, depuis Beni

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