Il est partout. À Doha, à Washington, à New York, à Addis-Abeba. Félix Tshisekedi est devenu une sorte de diplomate intercontinental, un marathonien du sommet, un champion du communiqué final. Il parle sécurité, il parle paix, il parle développement. Mais pendant ce temps, le quotidien congolais, lui, reste en mode survie.
À Doha, on négocie avec des rebelles qui tirent pendant qu’ils parlent. À Washington, on signe des accords qui ne signent rien sur le marché de Matete. On parle de décrispation pendant que les prix crèvent le plafond et que le franc congolais joue à cache-cache avec le dollar. Le peuple, lui, ne décrispe pas : il serre les dents, il serre la ceinture, il serre les enfants contre lui quand les tirs résonnent à Masisi.
Le président est sur tous les fronts. Sauf celui du pain, du savon, du transport, de l’école, de l’hôpital. Sauf celui du quotidien. Ce front-là, il est laissé aux mamans vendeuses, aux jeunes débrouillards, aux fonctionnaires sans salaire, aux déplacés sans abri. Ce front-là ne fait pas de buzz diplomatique, mais c’est là que se joue la vraie bataille.
Et pendant que les caméras filment les poignées de main à l’étranger, les Congolais filment les files d’attente pour un sac de farine. Pendant que les discours s’enchaînent, les factures s’empilent. Pendant que l’État promet, le peuple improvise.
Alors, où va-t-on ? Vers une présidentielle, sans doute. Vers une nouvelle saison de promesses, de meetings, de slogans. Mais pour l’instant, le Congo tangue. Il avance à reculons, porté par une gouvernance qui brille à l’international mais s’éteint dans les ruelles de Kisenso, de Goma, de Boma.
Tshisekedi est sur tous les fronts. Sauf celui du quotidien. Et c’est peut-être là que tout commence… ou que tout s’effondre.
Gilbert MULUMBA