RDC : Denis Mukwege dénonce la corruption dans les fonds de réparation des victimes de violences et de crimes de guerre

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Quinze ans après la publication du rapport Mapping des Nations unies, qui documente les crimes les plus graves commis en République démocratique du Congo (RDC) entre 1993 et 2003, le prix Nobel de la paix Denis Mukwege remet la question des réparations au centre du débat national.

Dans un communiqué publié ce mercredi, le médecin congolais a dénoncé de graves allégations de corruption et de détournements au sein des deux mécanismes de réparation mis en place par l’État : le FONAREV (Fonds national de réparation des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité) et le FRIVAO (Fonds de réparation des victimes des actes de l’Ouganda).

Ces deux fonds sont censés apporter une réponse concrète aux victimes de violences sexuelles, de crimes de guerre et d’exactions, notamment celles commises par l’armée ougandaise sur le territoire congolais. Mais selon Denis Mukwege, les soupçons de mauvaise gestion constituent « une insulte aux victimes congolaises et à la mémoire de millions de morts ».

Pour lui, seule une enquête judiciaire indépendante peut rétablir la confiance et empêcher que la RDC ne soit perçue comme un État patrimonial et prédateur.

Cette dénonciation survient alors que le rapport Mapping demeure largement inappliqué, malgré les recommandations de la communauté internationale et les appels répétés de la société civile. Publié en 2010 par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, ce rapport recense plus de 600 violations graves des droits humains et préconise la mise en place de mécanismes judiciaires adaptés, tels qu’un tribunal spécial ou des chambres mixtes.

Pour Denis Mukwege, l’absence de justice réelle, combinée aux scandales autour des fonds de réparation, illustre l’incapacité de l’État congolais à transformer ses promesses en actes. À l’approche des élections, et alors que l’Est du pays reste en proie à de nouvelles violences, la question de l’impunité résonne plus que jamais comme une plaie béante au cœur de la RDC.

Josue Lelo

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