Dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, la rentrée scolaire s’ouvre sous de sombres auspices. Plusieurs établissements, notamment l’EP Vulingongo, l’Institut Vulingongo, l’EP Myeri et l’Institut Kimbulu, font face à une situation critique. Les infrastructures sont gravement endommagées : bâtiments criblés d’impacts de balles, pupitres détruits ou utilisés comme bois de chauffe, et absence totale de manuels scolaires. Le droit à l’éducation, pourtant fondamental, semble relégué au second plan dans ce contexte de conflit.
La présence militaire autour de certaines écoles, censée rassurer, est perçue comme une source d’angoisse par les élèves. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), déployées dans la zone, sont accusées par des témoins locaux de comportements inappropriés, contribuant à un climat de tension dans les milieux scolaires. Selon Joël Katembo Gunza, président du Parlement d’enfants Butembo-Lubero, certains enfants refusent désormais de se rendre à l’école, craignant pour leur sécurité.
À cela s’ajoute le drame des enfants déplacés, nombreux à avoir fui les violences armées. Déscolarisés et traumatisés, ils peinent à retrouver un cadre d’apprentissage stable. Les écoles qui les accueillent manquent cruellement de ressources, et les enseignants sont débordés par l’ampleur des besoins.
Face à cette crise, enfants et acteurs locaux appellent à une mobilisation urgente des autorités. Ils réclament la réhabilitation des infrastructures, l’éloignement des positions militaires des écoles et la mise à disposition de matériel pédagogique. Mais au-delà des réparations matérielles, c’est tout un système éducatif qu’il faut repenser pour garantir aux enfants de Lubero un avenir digne et sécurisé.
Dans ce territoire meurtri par les conflits, l’école reste l’un des derniers remparts contre l’effondrement social. La protéger, c’est investir dans la paix de demain.
Justin Mupanya