Dans un contexte marqué par les blessures encore vives des conflits passés, le Fonds national de réparations et en faveur des victimes (FONAREV) a entrepris un déploiement stratégique de ses équipes sur le terrain depuis dimanche 20 octobre dernier dans la province du Kasaï-Central. Cette initiative fait suite à un verdict significatif rendu par la cour militaire de l’ex Kasaï-Occidental, qui a condamné trois individus présumés impliqués dans les atrocités de Kamuina Nsapu.
Le principal objectif de cette mission déployée par le FONAREV est de procéder à la certification des centres d’identification des victimes dans l’ensemble des cinq territoires de la province, a précisé Mhyrhand Mulumba, coordonnateur régional du FONAREV dans le grand Kasaï.
«Cette étape revêt une importance capitale pour garantir que les victimes soient dûment reconnues et que leurs droits soient respectés dans le cadre du processus de justice transitionnelle», a-t-il indiqué.
Mhydrand Mulumba a souligné l’importance de cette démarche à l’occasion d’un Tête-à-tête avec le gouverneur de province Joseph-Moïse Kambulu Nkonko .
«La certification des centres d’identification de victimes est essentielle pour établir un avancement sur la voie de la réconciliation et de la réparation. Nous devons nous assurer que chaque voix soit entendue et que chaque victime, qu’elle soit directement ou indirectement touchée par les violences de Kamuina Nsapu ou d’autres atrocités, obtienne le soutien dont elle a besoin», a-t-il déclaré.
Le contexte judiciaire et humanitaire
Le verdict prononcé par la cour militaire constitue un tournant dans la lutte contre l’impunité en République démocratique du Congo. En condamnant les trois présumés responsables des violences à Kazumba, les autorités judiciaires tentent d’envoyer un message fort : celui que les actes de violence ne resteront pas impunis et que la justice est une priorité.
«Ce jugement s’inscrit dans un cadre plus large de lutte contre les abus qui ont caractérisé la période de conflits, notamment ceux liés à la révolte de Kamuina Nsapu. Alors que les blessures subsistent dans la conscience collective, le FONAREV s’est engagé à non seulement reconnaître les victimes, mais aussi à leur fournir des voies de réparation», confirme cet acteur de droits de l’Homme.
Mhyrhand Mulumba a également indiqué que le processus de certification des centres d’identification des victimes est la troisième étape d’un engagement à long terme du FONAREV qui vise à préparer le terrain pour des réparations effectives.
«Notre action ne s’arrête pas à l’identification. Une fois cette étape franchie, nous concentrerons sur les mécanismes de réparation, que ce soit sous forme d’indemnisations, de soins psychologiques ou de réinsertion sociale», a-t-il ajouté.
Le FONAREV a déjà commencé à établir des partenariats avec des organisations locales et internationales pour élargir son approche en matière de soutien psychosocial aux victimes et pour assurer un suivi rigoureux de l’évolution de la situation sur le terrain.
Un pas vers la réconciliation
La mission déployée par le FONAREV au Kasaï-Central peut être perçue comme un pas décisif vers la réconciliation nationale, ancrée dans la reconnaissance et la réparation des injustices passées. Bien que le chemin soit semé d’embûches, l’engagement pris par le FONAREV de certifier les centres d’identification et de réparer les victimes est essentiel pour bâtir une société plus juste et paisible en RDC.
Les équipes du FONAREV continueront de travailler en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes pour garantir un suivi efficace de cette initiative, tout en restant attentives aux besoins évolutifs des communautés affectées. La route vers la guérison est longue, mais chaque étape compte, et la détermination de certifier les victimes et de les indemniser est un réel espoir pour un avenir meilleur.
Dénis Ngalamulume Ndombi